Les médias en Pologne publient de plus en plus d’informations absurdes et de reportages à sens unique à propos de l’arrestation de trois anarchistes survenue le lundi 23 mai. Nous interprétons cela comme une tentative d’intimider et de criminaliser les mouvements pour la justice sociale en Pologne.
Pendant que nous écrivons, les autorités polonaises poussent à la soi-disant «loi contre le terrorisme» qui entrera en vigueur le 1er juin. Ce n’est pas une coïncidence si, la date approchant, les médias et les politiciens tentent désespérément de construire une réalité dans laquelle cette nouvelle loi serait absolument nécessaire.
Sans aucun doute, l’analyse minutieuse de l’opération de la police qui neutralise la soi-disant attaque incendiaire contre un de leur véhicule dans la nuit du 23 mai est à mettre en rapport avec le silence des médias sur les plus récents événements qui mettent à mal l’image de la «super-police».
Il y a quelques jours, la police de Wroclaw a assassiné Igor S., un homme désarmé. Igor a été brutalement battu à mort pendant qu’il était détenu au poste de police. Dans cette affaire il est difficile de trouver une quelconque trace de légitime indignation de la part des politiciens, des médias, de la police ou des experts en terrorisme.
Les journalistes préfèrent detourner le regard lorsqu’il s’agit de brutalité policière.
Cependant, les morts aux mains de la police sont seulement la partie emmergée de l’iceberg : extorsions, passages à tabac et protection extra-législative des intéressés du pouvoir, sont le pain quotidien en Pologne. Chaque année, des 16.000 plaintes contre la police, seul 5 % est pris en considération, pendant que le restant est tout simplement ignoré. Grâce à omissions et partialités de la part des médias, la police n’a pas peur des répercutions possibles. Il est vrai d’affirmer que les gens sont officiellement découragés de porter plainte car ils savent bien que cela n’aura aucun effet. La vérité est que seules les grandes protestations et perturbations sociales sont en mesure de prévenir la violence de la police que l’on cache en silence sous le tapis…
Nous devons tenir le tout en considération, car les médias ne perdront pas une opportunité de niveler le chemin de la grande expansion de l’autorité de la police et réduire encore plus le contrôle public sur les activités des corps de répression.
Aujourd’hui, la peur de cette soit-disant tentative manquée de brûler une voiture de la police, crée le consentement nécessaire pour faire passer une loi sévère qui permettra un contrôle sans limite, une base de données de tous les suspects de terrorisme, une politique du «tirer-pour-tuer», la loi martiale, des droits limités en ce qui concerne les manifestations publiques et enfin l’élaboration des profils des migrants, surtout ceux Musulmans.
Cette loi permettra la violence policière sans limite contre tous. Aujourd’hui les journalistes irresponsables se servent du consensuel associé à la «peur» afin de tenter de persuader les personnes qui ne sont pas encore convaincues : cependant, certaines tendances politiques officielles en Pologne expriment des doutes sur la nouvelle loi contre le terrorisme.
Le mouvement anarchiste en Pologne est actif parmi les groupes d’ouvriers et de locataires, comme dans la lutte pour l’environnement, l’antiracisme et la récupération des terres. En outre il travaille sans compromis pour la justice sociale et contre l’oppression de l’économie et de l’élite politique. Le manque de contrôle public sur les forces de police a amené à l’acceptation de la brutalité sans contrôle de la part de la police, contre les personnes qui s’opposent à la violence systématique dans divers secteurs. Pour faire simple l’atmosphère de «chasse aux sorcières» qui touche tout le mouvement anarchiste sert pour construire l’acceptation de la répression et le contrôle des communautés qui luttent contre les groupes d’intérêts les plus influents dans le pays.
Aujourd’hui, entre les reconstructions des médias de cette soi-disant tentative d’incendie, le profil psychologique des présumés terroristes et les communiqués de presse, nous relevons avec grande indignation le manque total d’une réaction semblable devant la répression des personnes qui luttent pour la bonne cause.
Quand l’activiste locataire Jolanta Brezeska, qui vivait à 50 mètres d’une station de police, fut poursuivie plusieurs fois et finalement assassinée en mars 2011, nous n’avons pas pu compter sur la même indignation de l’élite politique. Il n’y eut aucun débat à la télévision, aucune opinion des «experts», aucune reconstruction détaillée depuis l’instant où elle fut kidnappée et ensuite brûlée vive, comme une sorcière. Il ne fut fait aucun profil psychologique des spéculateurs immobiliers qui l’ont poursuivie ; il n’y eut jamais aucun suspect d’homicide volontaire. Il va sans dire que, lorsque les attaques sont contre des personnes qui luttent pour la justice sociale, l’opinion publique ne prête aucune attention à eux.
Au contraire, une tempête médiatique se déchaîne sur une tentative d’incendie qui n’a jamais été réalisée. Ils parlent des anarchistes arrêtés comme s’ils étaient des terroristes. Cela sert à renforcer l’acceptation sociale de la violence physique et psychologique contre eux pendant qu’ils sont détenus. Leur état de santé et l’apparence physique témoignent cependant qu’ils ont été torturés, et avec impunité.
À nos amis et compagnons : résistons à la peur diffusée par la police et les médias. Les «bonnes» autorités, préoccupées de notre sécurité, sont une illusion. Demande-toi : à qui profite ce genre de récit dans l’histoire ? Ce genre d’histoire manipulée nous laisse-t-elle la possibilité de croire en un procès juste?
Nous ne nous laisserons pas intimider et nous n’arrêterons pas nos luttes pour la justice sociale ; quel que soit l’Etat policier dans lequel nous vivons.
Aux médias: jusqu’au temps où vous n’aurez pas le courage de condamner de nombreuses années de violence de la police, soutenue par un excès de privilèges et par l’appareil d’état, votre jugement sur les prisonniers anarchistes et votre campagne contre le mouvement anarchiste tout entier servira seulement à révéler vos profonds préjudices. Il n’y a pas -et il n’y aura jamais- aucune autorité, entreprise ou église derrière ce mouvement. Notre histoire est faite de milliers de ces luttes sociales, celles-là même dont beaucoup d’entre vous ont trop peur de parler. Notre histoire survivra à toute répression.
Nous restons solidaire avec tous les détenus et nous faisons appel à tout le monde à en faire autant.
Fin des Etats fondés dans la peur et la violence de la police!
Kolektyw Syrena (Collectif Syrena)
Warszawskie Stowarzyszenie Lokatorów (Association des locataires de Varsovie)
Kolektyw Przychodnia (Collectif Przychodnia)
Ruch Sprawiedliwości Społecznej (Groupe de Justice Sociale)
Kancelaria Sprawiedliwości Społecznej (Laboratoire de Justice Sociale)
Warszawska Federacja Anarchistyczna (Fédération Anarchiste Varsovie)
Jedzenie Zamiast Bomb – sekcja Warszawa (Food Not Bombs – section de Varsovie)
Antyfaszystowska Warszawa (Antifaciste Varsovie)
ROD Kolektyw (The Radical Allotment Gardens Collective, Collectif des Jardins Urbains Radicaux)
Codziennik Feministyczny (Journal Féministe)
161 Crew
Antyfaszystowski Konin (Antifacist Konin)
No Borders Warszawa
Stowarzyszenie Wolne Konopie (Association Free Cannabis)